s’être fait les muscles nécessaires, et vouloir y aller. C’est un
idéal.
L’effort surréaliste me touche parce que c’est un mouve
ment d’idéalisme. Mais la méthode surréaliste a quelque
chose de singulier, du moins en théorie : elle tend à l'exploi
tation inconsciente de l’inconscient, quelque chose comme
l’écriture automatique des médiums ; les esprits matéria
listes affirment qu’ils ne disent que des bêtises, mais d’autres
(je suis de ceux-là) moins convaincus de la vertu transcen-
dentale du bon sens, étudient ces questions avec une
certaine émotion. Le danger pourtant de laisser aller la
main est que les formes qu’elle trace dépendent bien plus
souvent de la disposition de nos os et de nos muscles que
de celle de notre âme. On le constate dans les académies,
les expositions et les musées : ce sont les formes qui se
tracent le plus aisément qui reviennent tout le temps, ainsi
des couleurs. Pourtant nous ne nous permettrons pas de
porter un jugement sur l’avenir de cette méthode. Car c’est
une méthode. Les bons peintres surréalistes la suivent-ils ?
Je ne le crois pas.
D’ailleurs André Breton, écrit dans la préface d’une
exposition du peintre Arp :
« Ces boucles dures ou tendres sont bien pour moi ce
« qui résume le mieux les chances de généralité des
« choses particulières, ce qui me permet de faire le plus
« faible état de la variante. »
Voilà une idée bien puriste...
Le Purisme n est donc pas une esthétique, mais une
manière de superesthétique, dans le sens où la Société des
Nations est un super-Etat. C’est-à-dire qu’au-dessus des
façons de penser, de sentir et d’agir individuelles, il est
des constantes. Le Purisme n’est donc pas une forme d’art,
mais un esprit et une technique. (On pressent pourtant qu’il
n est pas un éclectisme, car il ne se soumet qu’à l’élévation).
Je généralisé maintenant et complété certaines idées que j’ai
définies ailleurs au sujet de la peinture. Car une des
intentions de ce livre est peut-être une prétention : synthéti
ser. C’est pourquoi j’appelle ART, tout ce qui nous
soulage de la vie réelle en nous portant à l’Elévation. Cette
définition appelait parmi les grands arts celui de la spécu-
lation pure, scientifique ou philosophique. Pourquoi pas ?
L Art ;n est pas d abord dans le moyen technique qui n’est
que l’interprète.
Le Purisme est la connaissance et l’utilisation des
onstantes dan
J’ai tâché d
Art, comme dans
Vie
J
les plus âgés. C’est l’ouvrage de ma quarantaine, la conclu
sion de mon expérience à ce jour. Aussi ai-je dédié
« A R T » à « mes élèves et aux inconnus qui veulent
créer de belles choses mais que troublent tant de niaiseries
présentées comme le fin du fin de la civilisation et qui ne
sont rien. Hommage à nos ancêtres, confiance aux jeunes. »
OZENFANT.
A. Riemer.