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quêtes cubistes, dont l’essentiel est encore la dé
formation.
Le Dadaïsme — déplacement des valeurs plasti
ques de la déformation dans le domaine de l'in
tellectuel et du psychique.
Le Surréalisme — continuation du dadaïsme.
Il s’inspire du symbolisme et du néo-réalisme dû
au progrès des sciences (l’astronomie, la bactério
logie etc.), lesquelles visent à une nouvelle réalité.
Tous ces mouvements déforment plus ou moins
la nature et donnent de celle-ci une transposition
dans la langue des valeurs plastiques. Certains
d’entre eux renferment aussi une tendance vers la
construction (quelquefois même assez accentuée).
CONSTRUCTION
Mais il existe une autre tendance qui ne déforme
pas la nature, mais qui réalise l’œuvre par des
moyens purement plastiques, empruntés directe
ment à l’imagination ou à la géométrie. La géo
métrie était la première incarnation tangible de la
mathématique; c’est elle qui exprimait, de la façon
la plus claire, les nombres et les proportions ma
thématiques en des images concrètes. La plastique
pure donc, en passant de l’abstrait d’une con
ception à la réalité de l’œuvre, débuta par l’emploi
de formes géométriques. La forme géométrique
concrète, exprimée dans les plus concrètes propor
tions, devient l’élément plastique. La dénomina
tion : peinture abstraite n’est pas juste, parce que
en indiquant le détachement de cette peinture de
la réalité objective, cette dénomination peut porter
à croire que la composition n’est pas chose con
crète. Il n’existe rien de plus concret, que l’art dit
« abstrait ».
Ce sont les cubistes qui, les premiers, ont intro
duit les formes géométriques connue valeurs plas
tiques, malgré que les résultats obtenus les fas
sent appartenir plutôt au système déformateur.
Les cubistes trouvent les formes géométriques en
décomposant les objets, la figure humaine etc. Ils
recherchent les formes essentielles et inchangea-
bles des objets dans leurs apparitions les plus sim
ples. Il s’agit ici de peindre les axes cristallogra
phiques au lieu des lignes délimitant les sur
faces du cristal. Cet « essentiel » du monde exté
rieur réalisé avec des moyens géométriques était
en accord avec les principes de la construction artis
tique. Au cours du temps ces éléments géométri
ques furent moins considérés comme les équiva
lents géométriques des objets : ils devinrent des
éléments autonomes de la construction. La défor
mation géométrique de la guitare chez Picasso ou
du tube chez Léger devint une forme plastique
existant indépendamment de l’objet, d’où il était
parti. On a oublié la longue route des déformations
graduelles, que l’on a dû parcourir pour arriver à
la forme « standardisée ». La forme a reçu une vie
*>
propre à elle, parce qifessentiellement plastique.
De l’analyse, de la décomposition de l’objet, on est
arrivé à la formation des constructions plastiques
des formes abstraites.
Un peu plus tard que le cubisme, se sont formés
les autres mouvements qui ont poussé encore plus
avant l’idée de la construction des éléments
abstraits. Ce sont : le purisme, le suprématisme, le
néoplasticisme.
Le purisme est parti de l’idée principale qu’il
existe des valeurs plastiques pures et inchangea-
bles (« constantes » de l’objet) qui réagissent de
façon identique sur l’homme de toutes les époques.
Pour les déduire il faut purifier les moyens d’ex
pression, qui étaient embrouillés par l’art ancien
et la déformation cubiste. Le purisme assemblait
alors les objets par leurs lignes spécifiquement
communes qui soulignaient leur forme plastique,
indépendante de la mode passagère de l’expres
sion; il créait dans une certaine mesure des objets
« idéals », qui possédaient une grande force d'émo
tion par l’universalité de leurs valeurs. Le mé
rite du purisme était aussi la mise en évidence
du principe de la rigueur et de la discipline artis
tique, que nous retrouvons encore plus distincte
ment dans les mouvements de plastique pure.
Le suprématisme, créé par Malewicz, fut un mou
vement qui se souciait moins d’obtenir de pures
formes géométriques, qu’il n’employait qu’en se
donnant pour but leur expression dynamique. Ses
formes géométriques nagent; leur disposition est
plutôt l’état de l’équilibre instable, causé par la
neutralisation de leurs énergies dynamiques, que
le résultat des rapports réciproques des formes. Le
dynamisme leur était essentiel, ce qui rapprochait
le suprématisme du futurisme. Le grand mérite du
suprématisme était l’épuration de la langue plasti
que par le fait d’avoir rayé entièrement l’objet et
sa déformation.
Le néoplasticisme, né aux Pays-Bas et propagé
par la revue « De Stijl » et par les œuvres de
Mondrian, Doesburg, Vantongerloo et Huszar
fut aussi un mouvement de plastique pure. On a
éliminé non seulement l’objet, mais aussi son om
bre. Les néoplasticiens tâchent d’atteindre l’unité
constructive et le calme par la division du tableau
par les lignes horizontales et verticales, qui doi
vent se neutraliser réciproquement et créer un
état d’équilibre parfait, dépourvu de dynamisme.
Les formes picturales sont ici liées par des rap
ports bien définis, presque mathématiques, ce qui
permet la création de valeurs vraiment objectives,
basés non sur l’intuition, mais sur des moyens uni
versels de contrôle.
La plastique pure se développait surtout dans les