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NO TE
VÉRITÉS NOUVELLES. — Dans une étude d’ailleurs sympathique parue au
Mercure de France (1 er mai), Charles-Henri Hirsch nous chicane quelque peu
sur des questions de ponctuation. Soit. Nous donnerons nos idées sur ce sujet
et libre à chacun de se décider.
Mais un reproche plus grave est fait à notre esthétique : « Tout cela est obscur,
quand ce n’est pas déjà ancien». Des œuvres éclairent dès maintenant certaines
de nos formules qui deviendront transparentes au bout de quelque temps. Et c’est
répondre que nous ne prétendons pas être arrivés au bout de nos efforts.
Au reproche du manque de nouveauté dans nos théories opposons ces lignes
narquoises par lesquelles Henri-Matisse terminait un de ses rares articles : « On me
dira peut-être qu’il était permis d’attendre d’un peintre d’autres vues sur la peinture,
et qu’en somme je n’ai sorti que des lieux communs. A cela, je répondrai qu’il
n’est pas de vérités nouvelles. Le rôle de l’artiste, comme celui du savant, se
borne à saisir des vérités courantes qui lui ont été souvent redites, mais qui pren
dront pour lui une nouveauté, et qu’il fera siennes le jour où il aura pressenti
leur sens profond. Si les aviateurs avaient à exposer leurs recherches, à nous expli
quer comment ils ont pu quitter la terre et s’élancer dans l’espace, ils nous don
neraient simplement la confirmation de principes physique très élémentaires que
les inventeurs moins heureux ont négligés. »
LIVRES
PARUS. Vie des Martyrs, par Georges Duhamel (Mercure de France).
L’été 1914, Georges Duhamel était un littérateur de talent, 1.000 jours de guerre,
1.000 jours de contact avec la souffrance humaine dans les ambulances et
dans les hôpitaux ont fait jaillir de sa gorge un cri de douleur et de pitié qui nous
perce le cœur.
Comment tous les médecins militaires, qui sont souvent des lettrés, ne nous
donnent-ils pas des livres comme celui-ci ? C’est que pour être simple et pathétique
sans effort, il faut un art suprême. Presque toujours, dans ce livre, M. Georges
Duhamel a réussi à éviter la littérature et l’éloquence et c’est là le triomphe du
littérateur.
Ce Mémorial de la vie des martyrs, ce journal des souffrances quotidiennes des
blessés, est le plus beau livre écrit jusqu’à présent sur la guerre. On peut même
dire que Vie des Martyrs est la seule œuvre littéraire née de la guerre.
A PARAITRE. Au « Mercure de France » :
Calligrammes
de la
1913-1917, par Guillaume
Le Cornet à dés, poèmes en prose, par M. Jacob.
La jeune poésie française, hommes et tendances, par F. Lefèvre. — Paul
Fort, André Salmon, Guy Ch. Cros, Ch. Vildrac, Adolphe Lacuzon, Vincent
Muselli.
Guillaume Apollinaire, Biaise Cendrars, Max Jacob, Pierre Reverdy ou la poésie
actuelle.
Ouvrage hors commerce tiré à: 20 exemplaires sur Japon 20 francs, 50 exem
plaires sur Hollande 10 francs numérotés et 500 exemplaires à 2 francs l’exem
plaire. On souscrit chez l’auteur, 98, rue Coulaincourt.