Pour agrandir les limites du champ sculptural, tel qu’il re&sulte du seul volume
massif, nous realisons nos constructions de telle sorte que l’air qui les penetre
devient partie int&grante de l’ceuvre.
Le volume de la masse et le volume de l’espace ne sont pas, plastiquement, la
möeme chose, mais deux materiaux diff&rents, concrets et mesurables.
Nous utilisons l’espace comme un Element nouveau et plastique, une substance
qui cesse d’&tre, pour nous, une abstraction, devient une matitre malleable et
s’incorpore ä nos constructions.
L’espace devient ainsi l’un des attributs fondamentaux de la sculpture.
De plus nos constructions portent en elles-m&mes les ombres et la lumitre,
les captent et les conservent: tandis qu’elles augmentent les variations de la
couleur gräce & des matieres de tons differents.
Dans les rythmes dynamiques de nos ceuvres, le temps intervient comme fac-
teur d’&motion. Le temps est la substance ideale de nos constructions, Ile
champ m&me du mouvement des figures successives de chacune de nos cuvres,
nous le prenons pour quatrieme dimension.
Le divorce actuel entre l’art et le public provient de l’absence de formes
sociales neuves et vivantes, cependant pressenties et attendues. L’art moderne
a te jusqu’ici influence par des speculations individualistes et purement arbi-
traires. IL n’est pas chime&rique de penser que l’epoque qui succ&dera ä la
nötre, sera, une fois de plus dans l’histoire de l’humanite, une &poque de
grandes ceuvres collectives qui verra la r&alisation d’imposantes constructions
et de vastes espaces urbains.
Les Arts plastiques rempliront leur mission s’ils se rendent maitres de formes
capables de donner leur effet sur de vastes espaces et d’inspirer les &motions
correspondantes.
Seules les constructions spatiales pourront toucher le coeur des masses
humaines A venir — et permettre de d&couvrir l’idee-guide qui a Echappt ä&
nos predecesseurs.
Antoine Pevsner