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brasier de lyrisme. Durant ces quelques semaines on sa presence
magnifiait encore pour moi la beaute du paysage, ai vu plu-
sieurs peintres revenir transfigures d’une visite au Cannet. Ils
wen rapportaient aucun secret de. möetier; mais le sowvenir
Ebloui d’un artiste realisant enfin le veeu de Goethe, la difficile
simplicite. Ils se sentaient un peu meilleurs et plus peintres
qw’auparavant. Bonnard, selon le mot d’Elie Faure, «restitue dä
chacun la liberte, d’&tre“soi-meme». Ik s’etait retire dans une
humble maisonnette rose et blanche blottie 4 mi-pente parmi
les fleurs, d’oü les collines et les toits devalent tout antour
jüsqwa la mer. On reconnaissait aussitöt ses motifs’ familiers,
la tonnelle, le detour du sentier, le mimosa, que ses yeux d’en-
fänt retrouvaient chaque jour nouveanx et plus troublants. On
entrait de plein-pied dans Punique piece du rez-de-chausste.
Quelques marches assez ‚raides condwisaient jusq’au minuscule
‘atelier o% Palchimiste distillait sa_f&&rie. Il avait en train une
grande decoration’de salle 4 manger, et en raison de Petroitesse
des murs les fragments de toile Etaient superposes, fixes sans
chassis selon son habitude, par de simples punaises. Les formes
Ebauchtes jaillissaient dans leur ‚plenitude et Jeur ouplesse:
une femme cueillant un fruit, et pour traduire Pexaltation vege-
tale, les verts les plus intenses et les plus nuances, rien que des
werts, d peine balances par des violets. De m&me que sa 'ten-“
dresse caresse et/poetise les objets les plus rebelles — pitchpin, |
celluloid, nickel —, Bonnard 'tire son chatoiement des Cönleurs
les plus ingrates et.qw'il faut patiemment moduler, par touches
chaudes et menues, nagutre les gris, puis les lilas et les mauves, ,
enfin les. violets et les verts. «Mais cette fois, s’excusait-il —
et’Peil aigu petillait sur un visage immateriel —, }y vais peut- |