A} A
LE GRAPHISME DE’ MARQUET
Alors meme qwils se passent de toute adjonction de comnleur, les dessins a
la plume ou au pinceau d’Albert Marquet aident & mienx comprendre de
quoi est faite la puissance du peintre et comment il compose son univers.
C’est presque instantanement que cette main, Eprise d’ordre et de clarte,
se dirige et choisit, dans la confusion et le tumulte des apparences. Avec
) \
une force Elementaire, elle va droit 4 la forme caracteristique, au‘ detail
estemtiel, Jamais' on ne la voit hesiter entre des sensations ou des verites
Contradictoires. Combien de peintres, face au motif, ressemblent ä ces con-
vives auxquels on soumet un menu dans un restaurant: ils voudraient goüter
4 tous les plats. Marquet, Iui, commande sur le champ. Ces facons impera-
tives, cette decision, les grands maitres sont seuls ä les connaitre. ;
Voyez la rapidit& avec laquelle, se mefiant de‘ la: versatilit& du paysage,
Marquet Etablit dans ses tableaux, enleves la plupart en une s&ance, Parma-
ture generale, la gEometrie interieure. Depuis un demi-siecle la critique d’art
a fait du mot construire un emploi abusif. Je n’en connais pas qui ’applique
mieux & ce peintre dont le souci constant est Porchestration lineaire de sa
composition. S’affranchissant de tout encombrement, de toute complication,
inutile, il simplifie sa; toile comme certains simplifient leur vie, ce qui ne
veut pas dire qwil soit superficiel ou sommaire. L’ordre qwil opere avec
le concours d’Elements naturels ne ressemble en rien a ces travaux abstraits
auxquels devaient se livrer plusieurs generations qui ont violente la wie.
au nom de consignes inflexibles. A la base d’un tel art, nous trowvons une
commwunion incessante avec la nature et une receptivite, qui, par moments,
fait songer 4 celle de Claude Monet. Mais c’est davantage encore d Jong-