L’'EXPRESSION
GEORGES ROUAULT
GEORGES ROUAULT est né à Paris, le jour de la prise de Belleville par les Versaillais, le
27 mai 1872. Un obus ayant bouleversé la chambre de sa mère, celle-ci dut accoucher dans
la cave. À quatorze ans, Georges Rouault est apprenti chez un peintre-verrier et restaure
des vitraux gothiques. Il entre à l’École des Beaux-Arts et devient l’élève préféré de
Gustave Moreau. Il concourt deux fois pour le prix de Rome et exécute un Christ pleuré
par les saintes femmes et un Samson tournant la meule qui scandalise fort M. Dagnan Bouveret.
Rouault quitte l’école et, peu de temps après la mort de Gustave Moreau, devient le conser-
vateur du musée qui rassemble les œuvres de son maître.
Les modèles de Rouault: des filles, des clowns, des juges, des bourgeois, Pierrot,
le Christ. Tous ses héros semblent issus d’un laboratoire d’alchimiste. Les noirs déses-
pérants, les blancs lunaires, les bleus d’acier, les rouges volés à quel carnage sans joie semblent
réagir comme des acides. Ce qui donne à l’œuvre de Rouault son caractère frénétique c’est
le combat entre son âme de croyant et sa conscience de plasticien, entre son esprit vengeur
et son cœur indulgent. Les toiles de Rouault sont éclairées de vie intérieure, comme de
lumière les vitraux des cathédrales auxquels elles font irrésistiblement songer. Rouault,
qui est un croyant, aurait pu devenir le grand maître verrier de l’Eglise française, qui ne
peut compter sur des artistes comparables à Alexandre Cingria.
Rouault, dont la peinture a soulevé tant d’indignation, a l’apparence d’un bourgeois
du temps de Louis-Philippe. « Je n’ai jamais travaillé avec les Fauves, dit-il. Ma seule
influence: Rembrandt. »
Rouault, qui est un des meilleurs aquafortistes français, a illustré de nombreux livres
pour Ambroise Vollard. Il a fait également des céramiques.
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