son propre poeme de ’ Albatros que «ses ailes de geant empechent de
marcher
De Corot 4 Millet, un courant dont la source remonte aux plus
anciennes manifestations de V’esprit frangats, courant od s’unissent dans
un Subtil accord la poesie et la verite, se developpe parallelement au
romanlisme et presque sans Etre touche de ses prestiges. Ce courant va
peu d peu se grossir des eaux venues de l’un et de V’autre versant, et
former le grand fleuve frangais au temps de V’impressionnisme. Il s’an-
nonce d&jäa dans les charmantes aquarelles d’un peintre ne avant le der-
nier quart du XVIII siecle, Granet. Grande est la part d’ Eugene
Delacroix dans une evolution dont il na pas connu V’aboutissement,
Les pages de son Journal temoignent de sa clairvoyance a V’egard de
talents naissants dont bien des raisons auratent pu V’&loigner : Courbet,
Millet. Ouant 4 Corot, non seulement Delacroix sait reconnaitre en
Iui un vrai et grand artiste, mais au retour d’une visite qwil Int a faite,
#l note comme digne de meditation ce que Ini a dit sur son art cet homme
simple et bon qui tenait si peu de place alors dans les propos des gens
du monde et des estheticiens.
Ce west pas sans raison que, plus tard, les plus grands de ceux qwon
appela les impressionnistes, Degas, Cezanne et Renoir, mirent au
premier rang de leurs admirations V’auteur des Femmes d’Alger et
des Croises 4 Constantinople, le decoratenr de la Chapelle des
Saints-Anges & Saint-Sulpice. L’auvre d’un Delacroix est assez
haute, assezx vaste et assez riche non seulement pour fournir ä bien des
generations cette nourriture de beaute ä laquelle V’esprit des hommes,
Sans cesse, d’un äge ä V’autre, aspire, mais pour servir de stimulant
aux inventions les plus nouvelles, ä celles memes que ce grand peintre
ne pouvait prevoir Paul Jamot.
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