Full text: Tournée de l'exposition de sculptures, sculpto-peintures, peintures, dessins de Alexandre Archipenko

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Quelques temps avant la période héroïque du 
cubisme, vers 1910, l’œuvre d’Archipenko attestait 
encore ce respect de la tradition qu’il est salutaire 
de manifester à vingt ans. Quant à considérer quo 
tidiennement les traductions ou les transpositions 
de la nature qu’avait imaginé son art, il songea que 
si la sculpture n’était que cela, il valait mieux qu’elle 
ne fut pas. Pourquoi avoir créé des Dieux, pensa-t-il, 
pour refaire éternellement leur ouvrage? L’homme 
est certainement un Dieu qui aurait pu beaucoup 
plus mal tomber. 
Archipenko sentit que son atelier avait trop de 
murailles ; le plafond certes en était plus vaste que 
le plancher, mais les murs s’apprêtaient immuable 
ment à jouer aux « quatre coins » sans qu’aucun 
d'eux ne se décidât à abandonner le sien. Et les 
statues laissaient faire. 
Un soir, Archipenko empoigna ces dernières, les 
brisa sur le sol, et les fenêtres de son atelier s’ou 
vrirent seules. 
Peut-être avait-il vu le Singe ? Peu d’artistes en 
effet ont remarqué au bas d’un « Esclave » de Michel- 
Ange figurant la peinture, ce petit singe à peine 
ébauché qui représente l’Imitation. 
Archipenko subit comme il convient l’emprise si 
poétique de l'esprit scientifique du XIX e siècle, et 
cette influence gouverna sa sensibilité. Les maisons 
ne seront pas éternellement de pierre, mais cons
	        
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