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vocation du jeune homme n’était pas parmi eux; il lui avait fait
arranger un atelier et il l’avait doucement poussé à rentrer chez
ses parents. Ce buste fort remarquable, atteste les dons d’obser
vation ingénue, fidèle et compréhensive de la nature qui distin
gueront plus tard le génie du grand artiste. Le troisième
ouvrage connu est le masque célèbre de l’Homme au nez cassé,
devenu classique, qui figure dans toutes les grandes galeries
du monde et qui fut, cependant, refusé au salon de 1864.
Ces trois morceaux, — je signale seulement en passant les
travaux salariés pour les cariatides du théâtre des Gobelins, la
cheminée du théâtre de la Gaîté, le fronton du Cirque d’Hiver
et maints petits sujets de commerce — ces trois morceaux inau
gurent déjà avec une certaine autorité la carrière du maître
sculpteur de notre temps.
Mais cet inconnu d’hier allait bientôt se manifester par une
œuvre si nouvelle et si imprévue qu’elle devait susciter un inévi
table scandale.
Rodin, 011 vient de le dire, était allé se fixer à Bruxelles
en 1871. Il s’y installa avec sa jeune compagne et travailla
d’abord laborieusement et consciencieusement aux ouvrages de
décoration absorbants pour lesquels il s’était mis en société
avec Van Rasbourg. En 1875, dans un moment de répit, ayant
ramassé un petit pécule, il satisfit une envie devenue irrésistible,
il fit un bond en Italie. Il n’y fit pas un long séjour, ses
ressources, d’ailleurs, étaient modestes. Il ne vit que Rome et
Florence. Il ne vit et n’était venu voir que Donatello et que
Michel-Ange. Mais il revint tout plein d’eux, tout imprégné
d’eux et leur grand souvenir va marquer son empreinte sur ses
prochaines œuvres.
La première, cependant, fait une curieuse exception. Secoué par
ce contact avec les grands initiateurs, Rodin prend son essor,
se met à l’ouvrage et met sur pied la statue, désormais célèbre
dans le monde entier, sous le nom de l’Age d’airain. Elle offre
peut-être la fière élégance d’un bronze de Donatello, mais elle est
si près de la nature et si près de la vie, qu’on ne pense à aucun