Comme inspiration, Rodin a longtemps oscillé, ainsi qu’il
disait, entre l’influence de Michel-Ange et celle de Phidias,
mais pour revenir à la fin plus étroitement vers l’art grec
envers lequel il professait une véritable religion, s’entourant
de tout un vaste musée d’antiques. Mais il était curieux de
toute forme d’art, aussi bien de l’art extrême-oriental ou
mexicain que de l’ancienne Egypte, ou encore du XVIIP siècle
français, sans parler du Bernin qu’il s’était, félicité d’avoir
récemment découvert.
Son influence a été considérable. Nulle figure artistique
n’a été si populaire dans le monde entier, non seulement sur
le vieux continent, mais encore en Amérique et jusqu’au
Japon. Il a créé une sculpture à la fois plus plastique et plus
expressive, par un respect absolu et une compréhension péné
trante, et restée constamment ingénue, de la nature et de la
vie. On ne peut vraiment le rattacher, dans le passé, qu'aux
grands maîtres du XV e siècle italien et ce nom de Rodin,
pour la postérité, deviendra sûrement aussi symbolique, pour
caractériser l’art de la statuaire moderne, que le sont, pour
les périodes du passé, les grands noms de ses maîtres de
prédilection : Phidias et Michel-Ange.
Léonce Bénédite.