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A ce moment, ses goûts pour le dessin parurent si prononcés
que, sans qu’il y vit encore une vocation décidée vers les arts,
le père crut y trouver une indication pour l’avenir de son fils.
Il le rappela à Paris et le fit inscrire à l’École de dessin et de
mathématiques, rue de l’École de Médecine.
Cette École « la petite École » comme on la désignait alors
par rapport à l’École des Beaux-Arts, était surtout réservée à la
formation des jeunes artisans qui se destinaient aux industries
artistiques. On ne rêvait guère, d’ailleurs, à cet instant, d’autre
avenir pour le jeune homme.
Le directeur, à cette époque, était le peintre Belloc; il avait
près de lui un professeur qui a laissé un nom inoubliable, non
point, certes, comme artiste, mais comme pédagogue: C’estLecoq
de Boisbaudran. Il avait créé, par sa méthode du dessin de
mémoire, un enseignement qui faisait concurrence à celui de
l’École des Beaux-Arts et il avait formé, en deux ou trois
générations, une magnifique pléiade d’artistes. Il eut, en effet,
pour élèves des maîtres qui devaient signer plus tard leurs
chefs-d’œuvre des noms de Fantin-Latour, de Cazin ou de
Legros, de Lhermitte ou de Guillaume Régamey, de Gaillard
ou de Roty, de Dalou ou de Rodin.
A vrai dire, ce ne fut qu’indirectement que Rodin subit
l’action de ce maître; mais il reçut, près de lui, dans cette Ecole
et dans cette atmosphère vivante de travail intelligent et d’études
réfléchies, les conseils et les encouragements d’un professeur, le
statuaire Fort, qui a laissé peu de traces dans l’histoire, mais
qui, d’après les souvenirs reconnaissants de Rodin, devait
exercer un véritable ascendant sur ses élèves. Rodin affirmait
qu’il lui devait sa vocation. Il suivait également, le soir, les
cours des Gobelins, où il était corrigé par un professeur
aussi modeste, nommé Lucas, à qui Rodin gardait également
beaucoup de gratitude. Les maîtres avaient, évidemment, deviné
en ce jeune homme ardent, studieux et appliqué, sinon le destin
qui l’attendait, du moins un vrai avenir d’artiste.
Cette vocation étant devenue manifeste, on se décida à