grand nombre de Vevey, et des environs, beaucoup de Suisses et
notamment la municipalité tout entière de la Tour-de-Peilz. Le lourd
cercueil couvert de fleurs est porté à bras. Un moment d’arrêt devant
le buste de la Z7herté, puis, dans le silence, le long cortège sans enblè-
mes puétils, reprend sa marche mélancolique vers le petit cimetière,
où l’on apporte encore des couronnes de laurier et d’immortelles.
C’est l’adieu, que Rochefort ne peut prononcer, tant son émotion est
vive. Les exilés sont frappés de l’impassibilité de la nature alentour,
dissonance douloureuse. Avant de repartir ils explorent du regard
la rive française interdite, où Courbet s’absorbait désespérément.
+
Bien des années après, un Français vint au cimetière de la T'our-de-
Peilz, pour s’incliner sur la modeste tombe. Elle portait l’inscription
suivante:
Ornans, 10 août 1819
G. COURBET
peintre
Tout-de-Peilz, 31 décembre 1877
Au-dessous, sur une plaque de marbre, on lisait :
A.
GUSTAVE COURBET
L'Union Chorale’ d’Ornans
3 août 1885
Enfin, au chevet, était déposée une couronne avec cette dédicace:
La Fanfare d’Ornans à Courbet
Les fanfarons avaient fait amende honorable, et bien d’autres depuis...
La dépouille du grand peintre est restée quarante-deux ans en terre
suisse. Hlle fut transportée seulement en 1919, date du centenaire,
au pays natal. Depuis lors un revirement s’est accompli, accru par
l’achat de /” Atelier, pour le Musée du Louvre, où il fait pendant à
l’Enterrement.
Mesdames, Messieurs,
Nous avons tenté de procéder selon la manière du maître d’Ornans,
en empâtant les premiers plans, les horizons, les ombres, les lumières.
Nous nous sommes attachés au relief des choses, en éclairant les points
saillants. À vous de dire si le tableau est fait. En tout cas, l’Exposition
de Zurich nous confirme que le génie vivant de Gustave Courbet a
forgé une œuvre d’amour, c’est-à-dire ce qu’il y a de meilleur sur la
terre. Charles Léger.
HOT
JUL
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