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petites nattes, elle est très brune. Elle met des pantoufles très
“ savates ”, ses bas tombent, elle se graisse la
flglire, se met au lit, rêve de l’Américain (bijoux, luxe,
Rolls-Royce), puis du Cycliste (amour, tandem, repas sur l’herbe).
Les deux personnages se confondent, se superposent, et tels des
équilibristes, montent sur les épaules l’un de l’autre, ils s’écroulent
en même temps, ne sont plus que des morceaux épars que le
Cul-de-jatte ramasse en tas dans son chariot qu’il traîne alors à
toute vitesse, tout s’estompe...
La chambre n° 2, celle du Marchand de cartes postales, elle
est très virginale cette chambre; au lit, des rideaux de
mousseline, un grand crucifix et branche de buis,
images pieuses, impression d’austérité, le Marchand de
cartes prépare son cours de théologie pour le lendemain,
puis fait l’inventaire de sa vente de cartes, il met son béné
fice dans une tirelire et explique à son chien que cet argent est
destiné à l’achat d’une statue équestre de Jeanne d’Arc,
grandeur nature. Il se met à table après avoir récité le
Bénédicité, et prépare, tout en mangeant, sa collection
pornographique pour le lendemain.
La chambre n° 3 : Chambre du Cycliste, très pauvre aussi,
mais en ordre, accessoires de cyclisme, chambres à air,
maillots rayés, etc...