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MÉMOIRES d’uN DADA BESOGNEUX
toute l’Ile-de-France, dont le charme soit
plus raffiné. Partout imprégnée de cou
rants d'eau souterrains qui, à travers les
sables rouges des collines, filtrent jusqu’à
la rivière, la terre porte une verdure géné
reuse, toute une chevelure d’arbres qui
s’arrangent d’eux-mêmes en bosquets, se
groupent ou s’esquivent comme pour faire
valoir la verdure plus claire des prairies.
11 y flotte par toutes saisons une buée lé
gère, lumineuse, bleue ou dorée selon les
heures. Les perspectives sont brèves et
toujours harmonieuses : juste ce qu’il faut
pour que l’œil humain les puisse embras
ser, et pas plus : une thébaïde. Et pas une
villa moderne, pas une de ces hideuses
petites maisons qui ont envahi le reste des
environs de Paris. Tel est le bienfait de
cette grande propriété dont Birou prédisait
la destruction avec fureur. Ceux qui pos
sèdent le sol l’ont voulu ainsi, ils ne per
mettent pas à la spéculation de lotir ces
terrains et de souiller la nature de leurs