entendu de tous les assistants, sans regrets du reste à
l’égard de quelques élucubrations. Mais si ces jeunes gens
avaient parié de donner un spectacle critique de la vie ou de
montrer le monde à l’envers, ils ont gagné leur gageure car
ils avaient osé faire exécuter un air de fox-trott par le grand
orgue de Gaveau et donné une parodie très spirituelle d’un
morceau de piano en faisant taper à faux par quatre mains
un concerto cacophonique qui souleva une tempête de rires,
de sifflets et d’applaudissements.
Avaient pris part au festival, M mes Marguerite Buffet,
Céline Arnaud; MM. Tristan Tzara, Ribémont-Dessaigne,
Paul Eluard, Paul Dermée, André Breton, Louis Aragon,
Philippe Soupault.
M. Picabia assistait à cette cérémonie et s’amusait infi
niment d’un spectacle qui le réjouissait, espérons même aux
dépens de quelques nouveaux riches venus au hasard
d’une incitation pour un grand spectacle de bruit acadé
mique.
Francis Picabia s’accorde une récréation charmante,
aimable, d’une gaîté délicieuse à regarder bruire autour de
lui toute une jeunesse dont les talents fleuriront plus tard
sous les formes les plus diverses de l’art et de la littérature,
y compris la ténébreuse perfection des poncifs. Les chefs-
d'œuvre ressemblent aux perruques, pas un cheveu ne
dépasse {Paul Dermée). L’effort qui naît, qui tend vers
le futur tout cerveau sensible aux lois de l’évolution, pro
voque immanquablement une floraison et obtient ses fruits
des sujets les plus divers comme des terrains les plus
rocailleux.
M. Picabia regarde cette vie monter autour de lui ; il