CHRONIQUE D’ART
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terreur sont la rançon ou la récompense de sa cré
dulité admirable. Sa merveilleuse petite âme, toujours
éveillée, se nourrit des plus brillants mirages; son
imagination ardente peuple la terre des présences les
plus fabuleuses. Le moindre de ses gestes porte des fruits
d’or, ou dessine les limites d’un univers immense, où
toutes les forces qui conspirent contre la sûreté de
chaque être sont accumulées en masses visibles. Il est le
centre de la curiosité et de l’admiration unanimes s’il
accomplit quelque dérisoire prouesse, dont on le félicite ;
d’autres fois, au sein d'une assemblée nombreuse, il sent
avec une affreuse acuité, le poids de l’isolement le plus
complet et l’amertume de l’injustice. Sur une plage j’ai vu
courir un bambin, tenant une ficelle au bout de laquelle
il avait attaché un morceau de papier, cerf-volant
imaginaire, qui traînait sur le sable. Je l’entendis qui
poussait pour lui seul ce cri de désespoir: « Je vais
comme le vent et personne ne me regarde! »
Pour l'enfant une image est une réalité. Ayant
vu une magnifique gravure de première communion
représentant une cathédrale dorée, je m’imaginais,
lorsque je pénétrais pour la première fois dans une
église, que j’entrais réellement dans cette image. JMon
amour pour les boules de verre Louis-Philippe vient de
ce que je désirai longtemps me promener à l’intérieur
de l’une d’elles, que j’allais admirer chez une voisine,
et qui renfermait toute les merveilles du jardin
d’Aladin.
Il n’est pas d’abstraction qui, pour l'enfant, ne puisse
prendre une forme concrète. Certains mots ont un
poids et un visage. Il y en a d’énormes, gonflés de