ser de toute inquiétude morale
sur les tas de gens soucieux qui
ont passé avant nous).
— Il se peut ; je vois pour
tant que ceux des écrivains qui
connaissent trop de mots, et trop
constamment se tiennent au
courant d’une sorte de langue
idéale, leurs œuvres sont les plus
ternes qui soient. Sans doute
faut-il aller jusqu’à l’oubli.
— L’on ajoutera : les lettres
ont pour fonction justement de
maintenir, contre le langage
commun, telle ou telle jointure
de pensée. Le poème ou le
roman enseigne à bien penser.
— Il se peut encore ; voici
reparaître ce vieux mariage ou
divorce, l’on ne sait plus, de
l’art avec la morale : c’est main
tenant l’art avec la logique, ou
l’art avecl’artde penser. Puisque
l’on mêle la grammaire à tout
ceci, qu’elle en sorte du moins
à son honneur : où l’on reproche
à Breton ou à Reverdy de man-
querde syntaxe, il faut entendre :
Breton et Reverdy n’enseignent
pas la syntaxe.
Jean PAULHAN.
L’amour au fond des bois luit comme une grande bougie.
Les vaches seules trouvent encore un peu d’herbe mouillée de la
lèvre de ce grand homme dont on nesaitdéjà plus le nom.
Mes deux mains croisées représentent la voûte céleste et ma tête
est une oie grotesque et chauve.
Les amis courts passent mais la fontaine reste et donne cette
liqueur blonde que nous ne buvons qu’avec le sourire des petits
savoyards endormis.
Mes yeux n’appartiennent qu’à moi et je les épingle sur mes joues
si fraîches et si ravagées parle vent de vos paroles.
On sent qu’il est là le baromètre monstrueux, la lyre lampe à gaz
des salles d’attente.
Philippe SOUPA'JLT.