FLEUVE
Couloir longitudinal des grands bâtiments souter
rains
tendance obscure des lions parasites
ô lune affreuse qui court comme une grande lueur
fleuve impressionnant et magique
les sillages des bateaux sont tes cheveux
la nuit est ton manteau
les reflets qui dorment sur toi sont tes écailles
personne ne veut plus te connaître
tu coules des yeux de cette étoile inconnue
pleurs fertilisants
mais jamais nous ne connaîtrons ta source pâle
ton adorable bouche
et ton vagissement prolongé dans les champs de ta
naissance
A chaque arbre qui se penche vers toi tu dis
Passe mon ami mon frère et regarde devant toi
les espoirs sont moisis
il n'y a plus que ce Dieu magnifique
et ces grands appels là-bas très près de mon cœur
Cours si tu peux jusqu’à Lui
Mais ne sais-tu pas que la nuit t’étranglerait
avec ces mains sanglantes
Adieu mon frère marin, mon ami sourd
je ne sais plus si ce fleuve qui est ton frère te reverra
jamais
Fleuve sinueux comme des lèvres
et comme le serpent qui dort dans ce gazon savoureux
brebis maternelle
troupeau de lueurs
Philippe SOUPÀULT.