kind -— qui n’a besoin que de deux ou trois traits pour differencier l’eau
du ciel, pour donner sa densit& a la barque, pour faire courir un fleuve, ;
une route — que Marquet se rattache et, par moments aussi, a Edouard
Manet, lheritier d’Hokousai.
Telle est Pautorit& du dessin dans les peintures de Marquet que la repro-
duction ne les trahit pas. Le seul jen des valeurs suffit deja a suggerer
la couleur meme. Tirant d’un seul coup ces grandes verticales que sont les
mäts, les r&verberes, les cheminees ou les aretes des immeubles, ces horizon-
tales ou ces diagonales que forment les ponts, les quais, ‘les -trottoirs,
posant les kiosques, les entrepöts, ou ces blocs ambulants que sont les
voitures et les autobus, Marquet dessine avec son pinceau charge de couleur
comme il ferait avec la plume ou le crayon. Du premier plan jusqwau
dernier, cet cil de myope pergoit les plus subtiles analogies entre les valeurs,
entre les tons. Certains paysages, presque monochromes — et ce sont peut-
Etre les plus beaux —, les series des Neiges, des Inondations, des ports de
Hambourg, certaines vues de Naples, de La Rochelle, certaines Notre-Dame, |
o@ des gris, des noirs, des blancs, des ocres, des roses saumones suffisent
a creer la plus puissante orchestration — montrent la certitude avec laquelle
sort discriminees les nuances les plus voisines.
Et qwil Ini faut peu de matiere pour &voquer un.ton dans toute sa force!
Souvent un löger frottis, qui couvre ä peine le grain de la toile, mais d’une
sonorite admirable, Ini suffit pour donner ä la forme ce poids, cette con-
sistance que tant d’autres peintres n’obtiennent pas par une grande accumu-
lation de päte. Rien qui raccroche Veeil, aucun papillonnement. Cette
maniere unie constitue une reaction absolue contre les procedes impression-
nistes et, de meme, cette predilection pour les gris, les äccords mineurs.
Ceci dit, pretendre, comme on Va fait si souvent, que Marquet est avant
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