Volltext: Littérature (2 (1920), 16)

Valentine. — Ma tête se penche ; mes yeux se ferment. Je 
voudrais être l’horizon que tu n’atteindras jamais. Je sentirais 
ton désir douloureux et tes regards. 
Paul. — L’Occident s’approche. Les jolis clairs de lune que 
l’on donne à notre naissance, ce sont ceux dont tu parles. Le 
ciel est beau, dis-tu, (regardant du côté de la fenêtre) ce n’est 
jamais qu’un coucher de soleil. 
Valentine. — A présent du moins, les larmes savent te 
toucher. 
Paul. — On aperçoit au loin l’aventure et les destins. C’est 
trop près encore. Les mois, la couleur des yeux et les reflets 
des jours de pluie séduisent. Quelquefois, le soir, je retourne 
mes poches. 
Valentine. — Sais-tu l’heure vraiment ? 
Paul. — Puisque tu n’oublies que le silence et la moiteur de 
nos paupières, la soirée peut s’avancer sans que j’y prenne 
garde. Tout le mystère me laisse calme comme les rameaux que 
l’on jette sur notre tombe le lendemain et la lumière des veilles, 
la pluie et le temps gris. Que signifie tout cela et les autres 
choses ? Ces bruits derrière moi, crois-tu que je les redoute ? 
Je préfère lire sur ton visage les joies imaginaires et les tristesses 
que j’ai tant connues. J’ignore mon âge. (Il allume une cigarette). 
Valentine. —Je t’entends encore. L’épouvantail que tu agites 
et ces mots qui me font serrer les dents, je les aime comme les 
dernières secondes de la nuit. A la distance où nous sommes, 
tes bras me serrent à m’étouffer. Ce qui vient après vaut-il 
d’être vécu ? Le grand feu de bois qui nous éclaire dans notre 
chair et qui chante fait tomber de nous comme une écorce des 
ombres sans volonté. L’amour ne me fait pas peur. 11 n’existe 
peut-être que le désir et je suis enfin la plus forte. Vois de 
quelle protection je jouis. Tu ne peux rien, en cet instant, contre 
un seul de mes gestes, regarde. (Elle met les deux mains der 
rière la tête, légèrement renversée à droite, les yeux fermés. On 
voit descendre à droite une masse de cheveux.) Que fais-tu de moi? 
Paul dépose sa cigarette dans un cendrier. Bruit d'auto qui 
s’arrête devant l’hôtel. Paul tire lentement un revolver de sa 
poche, vise à peine. Valentine tombe sans un cri. On entend 
plusieurs coups de sonnette précipités. Très calme. Paul range 
le revolver et rallume la cigarette éteinte). 
(RIDEAU)
	        
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