ANDRÉ SALMON
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CHAPITRE DES PISCINES
“ ARCHIVES DU CLUB DES ONZE ”
La couverture illustrée, par la photogravure, de l’ouvrage célèbre du lieutenant
(suédois) Muller; mais crapuleusement retouché à la plume, d’une main aussi
maladroite que cynique, et le titre parodié en mauvaise ronde : Ma Médode aüegue
les Vemmes, veuf d’aucune page de la littérature athlétique, sert de couverture,
d’enveloppe au texte qui va suivre, emprunté, semble-t-il, à un journal du soir (?)•
Nous avons eu la bonne fortune de rencontrer M. le Conseiller général
Ulrich de Godiveau, comme nous traversions, d’aventure, sa jolie salle
à manger en hêtre clair, verni, découpé au Monobloc, imitation main,
modèle « Préraphaelita » à 1.700 francs; le Peuple aussi a droit à
de la Beauté!
M. de Godiveau nous annonce tout d’abord une bonne nouvelle.
— Oh ! Oh ! Oh ! Oh !... Oï !... Oïoï ! Ohéoï !... Ah ! ah !... Mon
quartier va enfin recevoir ce qu’il attend; mon quartier va enfin être un
quartier et non plus rien que comme, si j’ose dire, un quartier de quar
tier. Mon quartier, dit-il, va enfin être doté d’une piscine. Les crédits
sont votés et nous en sommes, je ne l’avance pas sans joie non plus que
sans un orgueil à la fois naturel et légitime, soit dit sans ironie, cette
ironie stérile et fatale aux œuvres, nous en sommes aux Projets
Définitifs.