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FRANCIS POULENC
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C’est d’ailleurs par l’architecture même de l’œuvre et non par des
recherches de couleurs ou le pastiche d’une époque qu’Auric atteint à
la noblesse du Grand Siècle. Chez lui pas de rigaudons, de musettes
mais une musique d’aujourd’hui, sans tics, sans faux modernisme, auda
cieuse cependant et malgré tout très proche de Lulli. L’orchestra
tion, déjà personnelle, avec ses cuivres éclatants, ses rapides traits de
xylophone, ses violons nerveux, confirme encore cette impression de
style que donnent d’autre part les magnifiques décors et costumes de
Georges Braque et la fine adaptation scénique de Boris Kochno. Je
regrette d’avoir trop peu de place pour parler de cette œuvre comme
il conviendrait de le faire.
Qu’il me soit permis cependant de remercier M. Serge de Diaghilew
qui après avoir découvert le génial Strawinsky n’hésite pas à
monter des œuvres de Satie, Auric, Milhaud et M. André Messager
qui a fait un admirable geste en acceptant de diriger, et avec quelle
perfection, les Fâcheux, vingt ans après Pelléas.
Francis POULENC.
Nous aurions aimé dire ici tout le bien qu'il faut penser de l'adaptation
de Roméo et Juliette par Jean Cocteau. Le temps nous manque pour cela.
Nous tenons néanmoins à exprimer dès aujourd'hui notre sympathie pour cet
essai de renouvellement de la mise en scène par lequel la pièce de Shakes-
peare s'est trouvée étiangemcnt poétisée et rajeunie.