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<l un personnage intérieur qui fait aller sa
plume. » Lamartine soutenait la même chose
quand il disait : « Je ne pense pas, ce sont mes
idées qui pensent. ».
Vous proclamez l’arbitraire, mais l’arbitraire
n’existe pas. C’est une question de point de vue.
Pour les lecteurs de Lamartine, Baudelaire
était arbitraire ; pour les lecteurs de Baudelaire,
Rimbaud était arbitraire, pour les lecteurs de
Rimbaud, Apollinaire est arbitraire et sûrement
les lecteurs d’Apollinaire trouvent que nous
sommes tous très arbitraires.
Quant à moi, je nie absolument l’existence
de l’arbitraire en art. De même que je ne crois
pas à ces fameuses réalités distantes en parlant
de l’imagination. Distantes, oui ; mais pour
qui ?
Il y a toute une échelle interminable de
catégories sur les réalités distantes.
Je trouve que les surréalistes feront une très
belle chose s’ils nous donnent dans leurs livres
une véritable sensation de hauteur.
Je trouve que quand Eluard écrit :
« Une hirondelle qui dépasse », il prouve
qu’il est un vrai poète sans besoin de se déclarer
surréaliste.
Je trouve banal les mots de Lautréamont :
« Le rubis du champagne ».