Volltext: L'oeuf dur (15)

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L’ŒUF DUR 
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U ne merveilleuse escadre appareille 
à travers les armatures de fer galvanisé 
au-dessus de la bulle lumineuse 
qui montre l’endroit exact où la nuit cesse de se pervertir 
le Paradis allume et éteint son enseigne lumineuse. 
Un chasseur sans fesses, avec des ailes de pigeon domestique 
vend de la « bigornette » aux saintes des anciens temps 
dont les robes blanches sentent la harpe Directoire et la lavande 
et la sueur populaire des grands cirques latins. 
La fête ne peut, étant donné l’état actuel de la science, 
monter plus haut que le paradis théologique 
où la plus haute pensée 
vient crever comme une bulle et s’épanouir 
à la manière d’un accord de guitare hawaïenne. 
La Place Pigalle ronfle comme un poêle où l’on brûle de tout. 
Les têtes fragiles 
sentent à la nuque une détonation de carabine 
mais la pipe en plâtre ne dégringole plus 
dans un bruit d’argent. 
Un phonographe avec une voix de prêtre 
chante pour les initiés « Now and then » ; 
Les roulottes noires protègent les jupes retroussées d’une enfant 
et la mère surveille l’ombre, la tête inquiète 
les mains sur son parapluie, les yeux sur la culotte de son enfant 
dans le rayon d’or qui se coule entre deux voitures 
jusqu’à la Place Pigalle 
qu’une flamme conquérante dévore à petites nuits. 
Simonne a payé sa place. 
Elle grimpe sur le manège cabré comme un léopard. 
Ses deux jambes vêtues de soie crème 
pendent le long d’une licorne. 
Un clown perdu dans la foule 
donne la main à un agent. 
Simonne est blanche comme un clown. 
Elle tire de son sac à main 
une cigarette qu’elle allume
	        
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