Volltext: Ça ira (4 = 1920, juillet)

Pierrot 
i. 
Vois, cet enclos ensoleillé ceint d’un grillage... 
C’est un tennis, c’est la volière de nos jeux. 
C’est là qu’évoluaient tant de jupes volages 
Sous l’azur lumineux. 
Et toi, de blanc vêtu la chemise entr'ouverte 
Tu te pavanais parmi elles, ô Pierrot, 
Les yeux baissés sur de galantes découvertes 
Et le cœur haut. 
Et tu t'autorisais d’un vers galant d’Ovide 
Pour tromper, le plus possible, un sexe trompeur, 
Et tu te résignais à remplir leur cœur vide 
De ton rire moqueur. 
Pauvre Pierrot, combien ces jours étaient frivoles 
Tu jouais du tennis et tu buvais le thé 
En attendant que l’on te versât le Pactole 
Et le Léthé. 
Dis, Pierrot en as-tu mendié des cigarettes 
Pour calmer sur tes lèvres la soif de s’épancher 
Sitôt que tu voyais s’éteindre en amourette 
L’amour que tu cherchais. 
Ce soir, tu as quitté ton humeur libertine ; 
O toi qui as flirté tout l’été, tu es las... 
Voici venir l’automne où sont les aubépines 
De ces jours-là. 
II. 
Rataboum, rataboum, c’est un grand jour de fête 
Et tout le monde a l’air de porter haut la tête ; 
Pourtant voici Pierrot l'œil ouvert à demi, 
Voici Pierrot, fatigué d'avoir trop dormi.
	        
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