Pierrot
i.
Vois, cet enclos ensoleillé ceint d’un grillage...
C’est un tennis, c’est la volière de nos jeux.
C’est là qu’évoluaient tant de jupes volages
Sous l’azur lumineux.
Et toi, de blanc vêtu la chemise entr'ouverte
Tu te pavanais parmi elles, ô Pierrot,
Les yeux baissés sur de galantes découvertes
Et le cœur haut.
Et tu t'autorisais d’un vers galant d’Ovide
Pour tromper, le plus possible, un sexe trompeur,
Et tu te résignais à remplir leur cœur vide
De ton rire moqueur.
Pauvre Pierrot, combien ces jours étaient frivoles
Tu jouais du tennis et tu buvais le thé
En attendant que l’on te versât le Pactole
Et le Léthé.
Dis, Pierrot en as-tu mendié des cigarettes
Pour calmer sur tes lèvres la soif de s’épancher
Sitôt que tu voyais s’éteindre en amourette
L’amour que tu cherchais.
Ce soir, tu as quitté ton humeur libertine ;
O toi qui as flirté tout l’été, tu es las...
Voici venir l’automne où sont les aubépines
De ces jours-là.
II.
Rataboum, rataboum, c’est un grand jour de fête
Et tout le monde a l’air de porter haut la tête ;
Pourtant voici Pierrot l'œil ouvert à demi,
Voici Pierrot, fatigué d'avoir trop dormi.