mandations du maitre pour qu'il osät s’abandonner quelque peu 
aux bienfaits de la Vendee et de la Savoie. Et quand les remous 
de juin 1940 le jeterent sur la cöte du Golfe Juan, il nous revint 
en se declarant incapable de « lezarder au soleil ». 
« Autre chose, autre part»; ce cri de sa jeunesse l’aurait 
fait consommer, aussi desesperement que Rimbaud, toutes les 
mers et tous les continents, s’il n'avait reconnu, des ses premiers 
cheminements, que « nous ne saurions avoir, ici-bas, de demeure 
permanente ». En tout cas, ce cri de revolte et de priere — il 
nous le dit expressement — composerait encore sa devise, s’il 
devait en professer une. Physiquement, metaphysiquement, il 
Jui est aussi impossible de se contenter de la prison que de se 
satisfaire de lui-me&me ou de s’acoquiner ä ses compagnons. Il 
est de ceux qui peuvent dire, avec le meme droit que l’auteur 
de la Saison en Enfer, « Nous ne sommes pas au monde >». 
Il y a cependant une &chappee, que tout bambin il considerait 
irresistiblement, quand, au «faubourg des longues peines >», 
une marchande de poissons le couchait sur sa balladeuse et qu'il 
n’a plus jamais quittee des yeux. Il y a une exception ä I’univer- 
selle souillure, une chose qu'apres des milliers d’annees de 
misere, la corruption n'’a pas encore atteinte. I] demeure cette 
virginite& imprenable comme la voie lactee dans cette ouverture 
si justement appelee le soupirail. Il y a, au-dessus de nos im- 
mondices, cette splendeur qu'on oublie ou qu'on persifle. Il y a 
ce vitrail triomphal et inepuisable dans le mur : le Ciel. 
Pour qui a contemple cette grande page de gloire impolluge 
qui flamboye dans les dernieres ceuvres de Rouault, le mot Iui- 
meme, ce vieux mot vilipende par les Tartuffes, desseche par 
les Diafoirus, glace par les Mascarilles, retrouve sa magie, nous 
offre a nouveau cette substance de reve et d’extase qu'il nous 
donnait en nos catechismes. Toute la ouate dont les Bouguereau 
recouvraient l'azur est balayee. Toutes les crasses, toutes les 
poussieres dont les peintres des couchers de soleil voilaient 
cette somptuosite se dissipent d'un coup. Ce que le chromo 
avait le plus abime au fond de notre regard se nettoie et se 
revigore. Cette banalite redevient sublime. Ce qui n’etait plus 
que pittoresque, c’est-ü-dire ce qui n’etait plus ä peindre (cre-
	        
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