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tentée, et qui réussit. S’il était néces
saire, pour qu’en Russie l’aurore d'une
humanité nouvelle se levât, que les
nations du monde s’entr'égorgeassent
pendant plus de quatre ans, nous ne
regrettons pas les formidables héca
tombes qu’échafaudèrent les criminels
desseins de nos maîtres d’hier et d’au
jourd’hui. Car ils ont travaillé à leur
perte, et des ruines qu’ils amoncelèrent,
ruines matérielles et morales, naîtra en
un avenir prochain, la Révolution des
peuples, qui balayera leurs institutions
vermoulues et donnera aux hommes
une nouvelle conscience.
Ils l’ont bien senti, ces démocrates
d’occident, qu’ils ne pouvaient pas
avouer leurs buts de conquêtes et de
domination, qu’il leur fallait aveugler
ces millions d’hommes qu’ils envoyaient
à la boucherie ; et ils ont inventé la guerre
du Droit et de la Justice. Lâche profa
nation des plus grands sentiments de
l’âme humaine. Leur “droit,, c’est celui
d’exploiter sans pitié les faibles, et leur
“justice,, c’est celle, soumise à leurs
intérêts, qui condamne sans jugement.
Et les peuples les ont cru. Admirables
résultats du “bourrage de crânes,, ,
symptôme effrayant de psychose des
masses.
L’homme d'état, qui, le premier,
lança la formule du droit d'auto-dispo-
sition des peuples, n’a songé, naturel
lement, qu’à l’appliquer à l'ennemi
vaincu. Morceler pour mieux dominer.
Tous ses dignes confrères l’ont compris
ainsi. Aussi fut-ce avec l’approbation
du monde “civilisé,, que le gouverne
ment britannique réprima, avec le
secours de ses armées, les tentatives de
libération de l’Irlande et de l’Inde, qui
avaient eu la folie de croire à cette
parole proclamée du haut d'une tribune
parlementaire.
Ces efforts des peuples opprimés
pour conquérir leur liberté nationale,
ne sont pas en contradiction avec les
principes de l’internationalisme. Autant
que nous semblent ridicules les gueu-
leries patriotiques d’un français, d’un
anglais et surtout d’un belge, autant
sont justes les aspirations des juifs,
irlandais, flamands, etc. à constituer
leur unité nationale en dehors de toute
immixtion d’étrangers. De même que la
société doit être l’union des hommes
libres, ainsi l’internationale des peuples
ne peut être réelle que si tous les peuples
sont libres. Et cette internationale n’est
pas l’agglomération des individus, sans
aucune distinction ethnique ; cet idéal,
qui fut celui du cosmopolitisme a fait
faillite et devait le faire, parce qu'il se
basait sur une unification antinaturelle.
Voici la triade : nationalisme, cosmo
politisme, internationalisme. La thèse,
le nationalisme, est l’unité limitée qui se
place en dehors du tout, qui se pose en
ennemie de tous les autres groupes, ou
ne s’allie avec certains d’entre eux que
pour des buts temporaires, et afin de se
renforcer aux dépens de ceux qu’au-
jourd’hui elle combat, mais qui demain,
peut-être, seront ses alliés, si les circon
stances font espérer quelque profit de
cette alliance. Cette organisation sociale
conduit à des conflits continuels. U anti
thèse, la négation, c’est le cosmopoli
tisme. Il nie les races et leur droit
d’avoir une vie propre. Il voudrait
effacer toutes leurs différences effec
tives, il voudrait créer une uniformité,
mais qui serait sans puissance, ayant