LE PERMIS DE CONDUIRE
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peu dur d’oreille ; mais comme quelques
sourds, par une grâce toute spéciale, il
est demeuré sensible au chant des oiseaux
comme s’il l’entendait mieux, dans le si
lence du reste. C’est ainsi qu’il vivait pai
sible et en confiance. Il croit qu’il y a
une autre vie, et qu’elle sera bonne aux
braves gens. Il croit aussi que rien n’em
pêche, en attendant cette autre vie, de ren
dre celle-ci confortable, et de prendre ses
précautions pour qu’elle le soit toujours
davantage. Mais justement parce qu’il avait
une foi entière dans l’honnêteté de l’Etat,
qui est le meilleur des créanciers et fait
toujours honneur à ses engagements, il ne
se présenta point au Trésor quand tomba
l’échéance des premiers termes qu’il devait
toucher. Son argent était bien là ; peut-
être qu’il faisait des petits.
A la fin, cependant, quand il a commencé
de souffrir de la dureté des temps, il alla
consulter son notaire. Un mouvement ins
tinctif l’y portait : le notaire est l’homme