MARCEL RAVAL
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PER VARESE
Vingt Septembre. L’Italie porte sa fête nationale, non pas comme nous
la gerbe du Quatorze Juillet, en équilibre sur sa tête, mais un peu sur le
côté, de travers, brouillant son visage. Les statues de tribuns quittent le
gazon des squares, font la promenade comme tout le monde, donnent à
manger aux cygnes. Dans la pensée des citadins le soleil et le clai
ron marchent de pair et le jeu de quilles soudain dérive en bouteilles.
Nous n’y pouvons rien. Tout à l’heure, il nous faudra nous séparer.
Agnès sourit. Et cette attente qui ne finit pas, d’où l’on sent venir la
trahison des mots, du cœur qui vous étouffe. Les paroles, à mesure
qu’on s’engage dans l’adieu, se font plus encombrantes, plus fragiles. Le
cristal s’amincit. A la dernière minute, le cristal se brise : ces brisures
sont les larmes.
Agnès sourit. Sourire abstrait peut-être, avec lequel le désespoir, par
coquetterie, se déguise.
Nous ramons dans la joie populaire. Toutes les tristesses s’y décou
vrent. Et la nôtre. Sur le Pô, de minces files de périssoires glissent, se
hâtent vers la mer avec une soif de mouettes. Sur mes yeux, les images
de la ville glissent aussi. A chacune, je dérobe au passage une allusion