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de son accession à la liberté totale. Sur cette pierre d’assise s’élaborera
toute son œuvre.
Chaque groupe nouveau depuis, pressentant l’importance de cette œuvre,
essayera de la réclamer. Arp, jamais, ne refuse ces étiquettes qui, comme
des mousses à une sphère de pierre, se collent à lui sans pouvoir le freiner,
ni même changer de si peu que ce soit la direction de son mouvement,
tandis qu’il dévale les couloirs de l’air, attentif seulement à son juste
d'élire. Ainsi, il est surréaliste, il est sculpteur, il est amoureux, il est
abstrait — et qualifie lui-même ses abstractions de concrètes. Peut-on
reprocher au vent d’être indépendant, lorsqu’il détruit toutes les cons
tructions vétustes, tous les arbres morts, lorsqu’il décuple l’ardeur de tous
les feux naissants.
Tout poème de Arp est une vérité animée à son gré, pourrait dire Marcel
Duchamp : à l’intérieur de toute vérité en effet —• et c’est peut-être
là un des points fondamentaux de ce qu’il nous enseigne — un nombre
rigoureux de composants peuvent se déplacer selon leur harmonie propre,
chaque fois changeant ce qui trid'imensionnellement apparaît comme cette
vérité, et qui, à un stade de vision supérieur, n’est qu’une des multiples
formes contenues par son possible. C’est là, entre autres, nous semble-
t-il, tout le secret de ses papiers déchirés qui sont eux aussi des poèmes,
avec ceci de particulier que chaque strophe, apparemment, détruit la pré
cédente : le temps, sagement s’est couché sous le pas de la conscience
investigatrice du poète.
Pour fouiller cet au-delà du raisonnable et prouver l’inexistence de l’impos
sible par quoi les prêtres de l’homme cartésien le lui interdisaient, Arp
comme tout chercheur convaincu éprouve sur lui-même sa méthode a'e
provocation : il se fait pieuvre et retournant sa tête continue de vivre —
le miracle se fait si bien qu’il cesse d’être miracle. Au vide il offre son
lacis de nerfs, veinules, artérioles. A qui le veut, si tant est que quelqu’un
habite cet inconnu, il offre les ramifications précises de son appareil sen
sitif et expressif. L’univers répond :
les pierres sont des entrailles