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être-là une véritable admiration qui ne serait pas une admiration
de publicité mais un amour militant de tous les hommes, de toutes les
femmes pouvant seul lui faciliter les moyens de vivre et de s’exprimer
mais, n’est-ce-pas, la plupart des patriotes cachent leur cupidité sous
le drapeau du patriotisme et à la chambre des députés les honnêtes
et bons législateurs s’occupent plutôt d’améliorer le sort de l'ouvrier
-— moyen de soigner les futures élections — que d’assurer le sort d’un
malheureux individu qui peut valoir à lui seul cinq cent mille ouvriers,
mais n’a que son unique voix à porter aux urnes, ah ! celui-là, MM.
les législateurs ne s’en foutent pas mal ! Un petit employé des galeries
Lafayette travaille autant qu’un travailleur mais il compte moins
parcequ’il se lave les mains et met un faux col ; pour être un bon
travailleur il faut porter la crasse comme une banière ! Et vous parlez
d'une égalité — qui sercût bien d’ailleurs, la chose la plus ennuyeuse
à supporter. Ce qui fait la beauté de la vie c’est son injustice, voyez
vous toutes les femmes ayant le même visage, la même taille, les
hommes tous blonds, avec des yeux bleus, une grande barbe, comme
taille 1 m 83 ? Et tous artistes-peintres ou ouvriers ? Je suis contre le
communisme, contre cet idiot de Lénine qui fit d’un général un soldat
et d’un soldat un général, ce qui revient exactement au même. Ils ont
peut-être en Russie le bonheur moral mais pour que ce bonheur moral
puisse durer il faut y ajouter le bonheur physique.
La seule chose qui m’ait intéressé un instant chez les Russes, ce
fut la Révolution, mais elle ne dura que quelques semaines et main
tenant ils ont le même esprit “famille bourgeoise" qu’ici. La révolution
a exterminé les imbécilités tzaristes pour les remplacer par d’autres
absurdités qui nous apparaissent avec les mêmes exagérations oppor
tunistes que celles enfantées par le capitalisme autocrate du gouver
nement impérial.
La noblesse russe a vendu ses bijoux pour continuer l’élan de son
plaisir, bientôt ils vont vendre leurs cœurs à la façon dont les mal
heureuses prostituées de Moscou vendent leurs fesses ou, ce qui est
encore plus embêtant, les donnent pour rien à un arrière petit cousin
du nouveau tzar Lénine... Pardon mon cher Lénine, c'est vrai vous
n’êtes pas tzar, vous concentrez l’idéal et les besoins de votre époque,
lesquels sont pour la plupart de vos admirateurs le désir de se mettre
du poil à gratter dans le nez ! L’autre jour, passant près de chez vous,
j’ai escaladé la barrière de votre jardin, ayant aperçu des fruits
magnifiques sur les arbres et j’ai secoué énergiquement un de ces
arbres afin d’étancher ma soif et de calmer ma faim. J’ai alors reçu sur