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les ordures, ce qui ne réfléchit pas comme l’enfant, la désolation,
ce mancenillier intellectuel, les chancres parfumés, les cuisses
aux camélias, la culpabilité d’un écrivain qui roule sur la pente
du néant et se méprise lui-même avec des cris joyeux, les remords,
les hypocrisies, les perspectives vagues qui vous broient dans
leurs engrenages imperceptibles, les crachais sérieux sur les
axiomes sacrés, la vermine et ses chatouillements insinuants,
les préfaces insensées comme celles de Cromwell, de M lle de
Maupin et de Dumas fds, les caducités, les impuissances, les
blasphèmes, les asphyxies, les étouffements, les rages, —- devant
ces charniers immondes, que je rougis de nommer, il est temps
de réagir enfin contre ce qui nous choque et nous courbe souve
rainement.
Votre espril est entraîné perpétuellement hors de ses gonds,
et surpris dans le piège de ténèbres construit avec un art grossier
par l’égoïsme et l’amour-propre.
Le goût est la qualité fondamentale qui résume toutes les autres
qualités. C’est le nec plus ultra de l’intelligence. Ce n’est que
par lui seul que le génie est la santé suprême et l’équilibre de
toutes les facultés. Villemain est trente-quatre fois plus intelli
gent qu’Eugène Sue et Frédéric Soulié. Sa préface du Diction
naire de l’Académie verra la mort des romans de Waller Scoll,
de Fenimore Cooper, de tous les romans possibles et imagi
nables. Le roman est un genre faux, parce qu’il décrit les pas
sions pour elles-mêmes : la conclusion morale est absente.
Décrire les passions n’est rien ; il suffit de naître un peu chacal,
un peu vautour, un peu panthère. Nous n’y tenons pas. Les
décrire, pour les soumettre à une haute moralité, comme Cor
neille, est autre chose. Celui qui s’abstiendra de faire la pre
mière chose, tout en restant capable d’admirer et de comprendre
ceux à qui il est donné de faire la deuxième, surpasse, de
toute la supériorité des vertus sur les vices, celui qui fait la
première.
Par cela seul qu’un professeur de seconde se dit : « Quand
on me donnerait tous les trésors de l’univers, je ne voudrais
pas avoir fait des romans pareils à ceux de Balzac et d’Alexandre
Dumas, » par cela seul, il est plus intelligent qu Alexandre Du
mas et Balzac. Par cela seul qu’un élève de troisième s’est pénétré
qu’il ne faut pas chanter les difformités physiques et intellec
tuelles, par cela seul, il est plus fort, plus capable, plus intelli-