Volltext: Les feuilles libres (4(1922), avril-mai = No. 26)

MOGANNI NAMEH 
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MOGANNI NAMEH 
II 
Il se réveilla en sursaut. 
Il pouvait être grand matin. Il souleva le store. Dans la cour, il 
pleuvait. Les chéneaux s’égouttaient, tracassiers. Des flaques de nuit 
noire meurtrissaient la neige malade. A quelques pas, la maison d’en 
face, livide dans la grisaille. Les fenêtres, comme des lèvres molles. Au 
fond, par dessus la clôture de planches, le réverbère se haussait et jetait 
un long regard triste et maigre, une traînée de gaz jaune, dans la boue. 
Parfois, sous une rafale, il clignait de l’œil, courbait le dos ; alors de 
grandes ombres tremblaient comme des guenilles au vent. On aurait dit 
un mauvais pauvre, affamé et sinistre. 
Il eut froid, se recoucha en frissonnant. Dans son cœur, un même 
fanal éclairait un identique paysage de boue, froid et mouillé. Des 
soucis, aux mains bleuies, passaient; des chagrins et des ennuis patau 
geaient dans l’eau glacée. Toute une théorie de pauvres hères défilait, 
hagards, mornes. Sous les haillons et par les déchirures, luisait, lamen 
table lèpre, une chair glacée. Longtemps, il les regarda passer, sans la 
moindre pitié, comme si ce n’étaient pas ses douleurs propres, la misère 
de sa vie, ses douleurs d’homme... 
... « Mais qui était celui-là? » — C’était un long drôle, arrogant et 
cynique, hirsute, gouailleur, un brûle-gueule entre les dents. Il venait 
seul, gigantesque dans la nuit, une trique à la main. En quelques enjam-
	        
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