Volltext: Ça ira (3 = 1920, juin)

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ÇA IRA ! 
tentée, et qui réussit. S’il était néces 
saire, pour qu’en Russie l’aurore d'une 
humanité nouvelle se levât, que les 
nations du monde s’entr'égorgeassent 
pendant plus de quatre ans, nous ne 
regrettons pas les formidables héca 
tombes qu’échafaudèrent les criminels 
desseins de nos maîtres d’hier et d’au 
jourd’hui. Car ils ont travaillé à leur 
perte, et des ruines qu’ils amoncelèrent, 
ruines matérielles et morales, naîtra en 
un avenir prochain, la Révolution des 
peuples, qui balayera leurs institutions 
vermoulues et donnera aux hommes 
une nouvelle conscience. 
Ils l’ont bien senti, ces démocrates 
d’occident, qu’ils ne pouvaient pas 
avouer leurs buts de conquêtes et de 
domination, qu’il leur fallait aveugler 
ces millions d’hommes qu’ils envoyaient 
à la boucherie ; et ils ont inventé la guerre 
du Droit et de la Justice. Lâche profa 
nation des plus grands sentiments de 
l’âme humaine. Leur “droit,, c’est celui 
d’exploiter sans pitié les faibles, et leur 
“justice,, c’est celle, soumise à leurs 
intérêts, qui condamne sans jugement. 
Et les peuples les ont cru. Admirables 
résultats du “bourrage de crânes,, , 
symptôme effrayant de psychose des 
masses. 
L’homme d'état, qui, le premier, 
lança la formule du droit d'auto-dispo- 
sition des peuples, n’a songé, naturel 
lement, qu’à l’appliquer à l'ennemi 
vaincu. Morceler pour mieux dominer. 
Tous ses dignes confrères l’ont compris 
ainsi. Aussi fut-ce avec l’approbation 
du monde “civilisé,, que le gouverne 
ment britannique réprima, avec le 
secours de ses armées, les tentatives de 
libération de l’Irlande et de l’Inde, qui 
avaient eu la folie de croire à cette 
parole proclamée du haut d'une tribune 
parlementaire. 
Ces efforts des peuples opprimés 
pour conquérir leur liberté nationale, 
ne sont pas en contradiction avec les 
principes de l’internationalisme. Autant 
que nous semblent ridicules les gueu- 
leries patriotiques d’un français, d’un 
anglais et surtout d’un belge, autant 
sont justes les aspirations des juifs, 
irlandais, flamands, etc. à constituer 
leur unité nationale en dehors de toute 
immixtion d’étrangers. De même que la 
société doit être l’union des hommes 
libres, ainsi l’internationale des peuples 
ne peut être réelle que si tous les peuples 
sont libres. Et cette internationale n’est 
pas l’agglomération des individus, sans 
aucune distinction ethnique ; cet idéal, 
qui fut celui du cosmopolitisme a fait 
faillite et devait le faire, parce qu'il se 
basait sur une unification antinaturelle. 
Voici la triade : nationalisme, cosmo 
politisme, internationalisme. La thèse, 
le nationalisme, est l’unité limitée qui se 
place en dehors du tout, qui se pose en 
ennemie de tous les autres groupes, ou 
ne s’allie avec certains d’entre eux que 
pour des buts temporaires, et afin de se 
renforcer aux dépens de ceux qu’au- 
jourd’hui elle combat, mais qui demain, 
peut-être, seront ses alliés, si les circon 
stances font espérer quelque profit de 
cette alliance. Cette organisation sociale 
conduit à des conflits continuels. U anti 
thèse, la négation, c’est le cosmopoli 
tisme. Il nie les races et leur droit 
d’avoir une vie propre. Il voudrait 
effacer toutes leurs différences effec 
tives, il voudrait créer une uniformité, 
mais qui serait sans puissance, ayant
	        
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