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POEMES
par
BENJAMIN PERET
DEFENSE D’AFFICHER
Non plus jamais les os du vent n’effraieront les vielles horloges baillant
dans les boîtes à sardines
Non; plute jamais les pieds de table ne prendront leurs jambes à leur cou
pour imiter les mouches
Non pins jamais les dents cassées ne feront de muèique
Non jamais plus les miches de pain ne se promèneront nues
Non jamais plus les courants d'air ne donneront d’ordres aux statues de sel
Non jamais plus la barre 'd'appui ne sera un indicateur de chemin de fer
Non jamais plus ma moustache rasée ne repoussera au-dessu's de l’œil de
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mon voisin
Non jamais plus le bifteck
sifflera (son chien
Non jamais plus l’électricité de ma ojueue n’empêcher a la foudre de tomber
Non jamais plus le métro ne demandera à boire par pitié
Non jamais plus les noyaux de cerises ne voleront de pissotières
car le moindre grain de poussière la puce qui cherche leb oreilles oubliées
dans les taxis
• m t ®
les oeufs durs qui savent si bien espionner par les trous de serrures
et ce qui reste de la muraille de Chine
sont là pour veiller aux tradition^
et faire respecter les premières fraises
(pii se regardent dans tous les miroirs
et seraient si heureuses de voir un veau pendu à l’étal
se jeter sur le boucher
et courir après ea peau qui serait si usée
qu’il verrait son frère au travers
BRAVES GENS
La querelle entre la poule au pot et le ventriloque
nous a valu un nuage de poussière
qui est passé audeësus de la ville
en sonnant de la trompette
U sonnait si fort que son chapeau melon tremblait
et que sa barbe se redressait
pour lui mordre le nez
Il sonnait si fort
que son nez s’est ouvert comme une noix
et que la noix a craché