L’ŒUF DUR 
] 2 
/iboqqez-voü? 
Trouvez-pou? de? /tboppé? 
déchirures sentimentales, par une marine écumante, d’un 
Mallarmé, et toute la mélodie des violes timides et anxieuses 
du symbolisme ; c’était à elle qu’il devait de songer quelquefois, 
aux heures de sommeil, à une lettre parfumée, oubliée dans un 
tiroir, et dont il mêlait alors l’odeur à son haleine, l’odeur qui 
appelait des inexprimables maladifs et anéantissait son repos. 
L’étrangère ! Jean l’aimait : c’était une bonne fille au fond, seule 
ment un peu méchante, un peu trouble... Et Jean était de trop 
bonne race pour s’accoupler à elle : l’enfant dont l’esprit vivait 
dans la lumière d’un Descartes et d’un Spinoza, celui qui avait 
passé sa jeunesse dans une plaine tourangelle où tout est bon sens 
et ennemi des chimères, celui qui, dédaigneux des haines inex 
piables et des enthousiasmes délirants, rêvait, loin de la mystique 
et de la révolution, une vie éloquente comme un théorème, 
discrètement élégante comme un dialogue de Platon, celui-là 
méprisait l’étrangère et Baudelaire, malgré toutes ses puissantes 
bacchanales, restait trop petit aux yeux de Jean pour que l’ado 
lescent rêvât de noces fanées avec elle et de voluptés entretenues 
par le goût du charnier. 
Ce soir-là donc, il sentit revenir l’étrangère. Eh bien ! Il 
lutterait avec elle : sa lèvre sourit à la pensée de la curieuse 
bataille qu’il allait livrer : mais il ne voulait pas une défaite 
immédiate et déshonorante et il se prépara doucement à la résis 
tance... Il s’était levé, désertant le cahier maintenant voilé 
d’une gaze funèbre ; il hissa comme un pavillon belliqueux une 
pensée sereine — la béatitude de Spinoza — et, claquant des 
dents, dans la chambre misérable où il allait vivre une heure de 
lutte sans gloire dont il sortirait sinon vaincu du moins épuisé 
et plus las pour la vie de demain, il se fit une attitude de héros ; 
et il y avait quelque chose de ridicule et de très beau dans cette 
pensée qui cherchait des apprêts coquets au moment même 
où elle allait subir l’assaut peut-être mortel. 
Les draps apparurent, tour à tour, comme des linceuls faciles 
et des étendards défroqués ; le lit prit un aspect étrange et poussa 
de petits cris agaçants : on eut dit que des amoureux faibles et 
timides étaient couchés là, glacés de désir et sans puissance. 
Les muscles abolirent leur résistance : une ouate pesante annihila 
la vigueur du corps et Jean eut envie de courir ; la sueur com 
mença à perler sur son front. Un petit crucifix à quarante sous, 
pendu dans un coin de la chambre, ricana férocement : « Eh bien ! 
ton Dieu, tu y crois encore ? » Jean renifla des odeurs de mort,
	        
Waiting...

Nutzerhinweis

Sehr geehrte Benutzerin, sehr geehrter Benutzer,

aufgrund der aktuellen Entwicklungen in der Webtechnologie, die im Goobi viewer verwendet wird, unterstützt die Software den von Ihnen verwendeten Browser nicht mehr.

Bitte benutzen Sie einen der folgenden Browser, um diese Seite korrekt darstellen zu können.

Vielen Dank für Ihr Verständnis.