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MÉMOIRES D’UN DADA BESOGNEUX
rée quand on la rencontre, il reste la pièce
fausse î La pièce de bas aloi, ou de nul
aloi, acceptée partout par un accord tacite
de tous, la pièce fausse que notre gouver
nement aurait dû lui-même frapper, la
rendant ainsi légale — car il ny a que
les pièces fausses qui continuent de circu
ler ! Reconnaissez donc, messieurs les jurés
que mon client est un des bienfaiteurs de
l’humanité, un ami généreux de la France,
un protecteur de Paris : Fluctuai nec mer-
gitur. Lui aussi ne sombrera pas : vous le
rendrez à sa famille, vous le rendrez à ses
travaux ! »
Applaudissement unanimes. Immense
approbation. Le jury se retire et revient
une seconde plus tard avec un verdict
d’acquittement, sans délibération. L’ac
quitté est porté en triomphe. Les pièces
fausses, présentées par l’accusation comme
pièces à conviction, sont restées surtout
sur une table, devant la cour. Public,
magistrats, avocats se précipitent sur