LE TESTAMENT DE M* PINCHON 87
ment contraire à la morale, s’il est vrai
que celle-ci se confond avec les intérêts de
la santé publique : attendu qu’on ne pou
vait être un géant sans être un malade,
que les géants sont des acromégaliques,
des idiots, des monstres enfin ; et que par
conséquent ledit testateur n’avait pas su
ce qu’il disait. En conséquence de quoi
les tribunaux accordèrent le legs à la mu
nicipalité, mais la dispensèrent d’exécuter
la clause.
— Mais c’est inique ! protesta M. Pin-
chon. Ce testateur, évidemment, s’était
mal exprimé en parlant de géants : mais
le contexte du codicille éclairait fort suffi
samment sa pensée : il ne s’agissait point,
dans son esprit, d’unir ensemble des acro
mégaliques stupides et difformes, mais des
humains de haute taille et bien constitués,
de telle sorte qu’ils eussent eux-mêmes de
beaux enfants. Les éleveurs ne font pas
autre chose. Et c’est ainsi qu’ils sont par
venus à élever la taille de certaines races