sation à venir de Y attitude de Duchamp, telle qu’elle ne peut man
quer d’apparaître aux gens simples, avec cet « amour de la nou
veauté ». Je sais, Duchamp ne fait plus guère que jouer aux échecs et
ce serait assez pour lui que de s’y montrer un jour inégalable. Il a donc
pris, dira-t-on, son parti de l’équivoque intellectuelle: si l’on veut il
consent à passer pour un artiste, voire, en ce sens, pour un homme
qui a peu produit parce qu’il ne pouvait faire autrement. Ainsi
lui, qui nous a délivré de cette conception du lyrisme-chantage à
l’expression toute faite, sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir,
s’en remettrait pour le plus grand nombre à un symbole. Je me refuse à
voir là de sa part autre chose qu’un piège. Pour moi, je l’ai dit, ce qui
fait la force de Marcel Duchamp, ce à quoi il doit d’être sorti vivant
de plusieurs coupe-gorges, c’est avant tout son dédain de la thèse, qui
étonnera toujours de moins favorisés.
En égard à ce qui va suivre, il serait bon, je crois, que nous con
centrions notre attention sur ce dédain et pour cela il nous suffira
d’évoquer le tableau de verre auquel Duchamp aura bientôt donné dix
ans de sa vie, qui n’est pas le chef-d’œuvre inconnu et sur lequel avant
son achèvement courent déjà les plus belles légendes, ou encore de
nous remémorer tel ou tel de ces étranges calembours que leur auteur
signe : Sélavy et Rrose qui appellent un examen spécial :
« CONSEIL D’HYGIÈNE INTIME :
IL FAUT METTRE LA MOELLE DE L’ÉPÉE DANS LE
POIL DE L’AIMÉE.
Pour Marcel Duchamp la question de l’art et de la vie aussi
bien que toute autre susceptible de nous diviser à l’heure actuelle ne
se pose pas.
André Rreton.
Pour qu’un homme ne soit plus intéressant il suffit de ne pas le
regarder.
Francis Picabia.