152
plan et la ligne droite comme maximum de force expressive dans le
domaine de la plastique:
Leprocédéfutlongtemps d’ordre destructif-constructif. (2) Le modèle
fut soumis à une discipline, disloqué et subordonné à la construction
picturale. Réduit à une pure combinaison de proportions, le tableau
devint une unité de contrastes. Une composition est la résultante
d’une série de représentations pr. gressivement dérivées. Ce procédé
différant essentiellement du cubisme, visait à obtenir d’une façon
voulue et consciente du but à atteindre une harmonie esthétique
(affranchie de tout naturalisme) et à cette fin il érigeait les notions
nombre, mesure et proportion en principes fondamentaux purs de la
construction picturale. L’émotion esthétique fut soumise à une disci
pline, l’art devint une intuition organisée ; les architectes, eux non
plus, ne se contentèrent pas plus longtemps d’une architecture de
hasard : toute l'ornementation, toute la séduction de façade fut sacri
fiée à la construction, à la structure logique, au souci d’équilibre dans
l’aménagement. Tous les artistes hollandais de tendance radicale
visaient, chacun dans sa sphère, à purger l’art de toutes les tares
traditionnelles (d’ordre anecdotique, symbolique, religieux), à élever
4a technique de chaque art en particulier à la hauteur d’un organe
d’expression de la beauté universelle. C’est ainsi que peintres,
sculpteurs et architectes élirent respectivement comme moyen d’ex
pression la couleur pure, le volume et l’espace.
Le résultat de ce qui précède fut qu'il se manifesta chez ces radicaux
de l'esthétique un véritable mépris à l'égard de tout ce qui s’oppose
à une expression plastique pure. Aucune expression d'art, ni le
cubisme (dont leur oeuvre est la conséquence la plus directe) ni
l’expressionisme ne parvinrent à les satisfaire. La fondation de
“De Stijl,, en 1917 par l’un d’eux fut décisive. Elle signifiait la
manifestation du désir collectif, elle signifiait la marche délibérée vers
une nouvelle plastique, au sein de laquelle tous les arts particuliers se
fondraient en une seule unité monumentale. Architectes, peintres,
sculpteurs, tous formulaient le nouveau point de vue. Il s’en suivit
une collaboration entre architectes, peintres et industriels d’art.
Cependant même là où les possibilités se sont d'ores et déjà présen
tées, comme à Rotterdam, Amsterdam et La Haye, de bâtir des
(2) c’à d. destruction de la nature visuelle, construction du tableau. Dans
le prochain article je veux parler plus en détails de l’unité des éléments
polaires. L’élévation de tous les éléments polaires est l’accent le plus im
portant de l’esprit et de l’art nouveau.