X. 29. 4. 17
Cher Ami,
A l’instant votre lettre.
Il est inutile — n’est-ce pas? de vous assurer que
vous êtes toujours resté sur l’écran — Vous m’écrivez
une missive « flatteuse » — sans doute pour m’obliger
décemment à une réponse qu’une grande apathie coma
teuse reculait toujours — Au fait pendant combien de
temps, au dire des autres...?
Je vous écris d’un ex-village, d’une très étroite étable-
à-caction tendue de couvertures — Je suis avec les sol
dats anglais — Ils ont avancé sur le parti ennemi beau
coup par ici, — C’est très bruyant — Voilà.
Je suis heureux de vous savoir malade, mon cher
ami, un peu — Je reçois une lettre de T. F., presque
non-inquiétante — ce garçon m’attriste — Je suis très
fatigué de médiocres, et me suis résolu à dormir un
temps inconnu — l’effort seul d’un réveil de ces quel
ques pages m’est difficile ; cela ira peut-être mieux la
prochaine fois — Pardon — n’est-eo pas, n’est-ce pas ?
•— Rien ne vous tiue an homme comme d’être obligé die
représenter un pays — Aussi
De temps à temps — pour nie pas tout même être
suspect de mort douce, une escroquerie ou un tapote
ment hamical sur quelque tête de mort familière m’as
sure que je suis un vilain monsieur — Aujourd’hui,.
présenté à un générale de Division et à Tat-Major com
me un peintre fameux — (Je crois que le dit a 50 ou
70 ans — peut-être est-il mort aussi — mais le nom
reste) — Ils (le générale et le Tat-Major) se m’arrache
— C’est curieux et je m’amuse à deviner comment cela
tombera à plat — En tout cas... D’ailleurs... Et puis cela
m’est assez indifférent, quant au fond — ce n’est pas
drôle — pas drôle du tout. Non.
Etes-vous sûr qu’Apollinaire vit encore, et que Rim
baud ait existé ? pour moi je ne crois pas — Je ne vois
guère que Jarry (tout de même que voulez-vous, tout
de même... UBU.) — Il me semble certain que Marie
Laurencin vit encore : certains symptômes subsistent