Volltext: Ça ira (5 = 1920, août)

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ÇA IRA ! 
d 
Orage 
Une chaleur de feu circule dans l’air... Juin... 
c’est le mois magnifique où l’on coupe le foin. 
Les roses, qui par milliers, bordent les sentes, 
penchent vers le sol leurs corolles languissantes. 
Le ciel se couvre de nuages... Je m'étends 
dans l’herbe chaude au bord du petit étang... 
On dirait que vraiment tout, autour de moi, boude ; 
Moi de même, mollement appuyé sur le coude, 
je passe mon temps à regarder deux canards 
qui barbotent lourdement dans les nénuphars. 
Qu'est-ce qui me châtouille l'oreille ? C’est une hirondelle 
qui vole au ras de la pelouse à tire d’ailes. 
Il pleut... et le parc est abandonné... 
O de tant de fraîcheur laissez-moi frissonner 
car, voyez vous, je veux rester coûte que coûte, 
l'enfant qui crie, le nez en l’air : il pleut des gouttes... 
Paul NEUHUYS. 
Une lettre cTUsbek 
à son Eunuque noir 
Je ne t'ai plus mandé de mes nouvelles, 
depuis l'année 1720. La cause en est 
un séculaire sommeil où m’a plongé une 
encéphalite, maladie dont tu auras ouï 
parler. On dort longtemps, parfois défi 
nitivement. Les passions vous aban 
donnent, comme ici, les femmes délaissent 
un homme ruiné. Puis, se réveillant, on 
se trouve dans une ère nouvelle. 
Pendant quelques jours, je fus étonné, 
L'élégante société vicieuse, que je 
décrivais jadis, n’existe plus. Le monde 
a un aspect inaccoutumé ; une révolution 
s’est opérée dans les esprits et dans les 
mœurs. Plus de Roys ! J'ai été assailli de 
craintes énormes. J'ai senti grandir en 
moi un dégoût grand comme la tour 
Eiffel. Triste spectacle pour un fils 
d’Allah ! 
Le style épistolaire et le tarif des 
postes m’ordonnent une concision 
regrettable. Pardonne-moi si je me 
borne à d’aucunes considérations géné 
rales. 
Descendant dans la rue, j’essuyai des 
rires et des procès-verbaux, pour ce que 
je portais un costume démodé. Les 
femmes étaient presque nues, et les 
hommes engoncés en d’étranges ori 
peaux. Les unes étaient coiffées de 
jardins zoologiques des autres exhibaient 
des chapeaux dont la forme variait du
	        
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