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MÉMOIRES D’UN DADA BESOGNEUX
femme, naturellement ! — qu’elle me pré
pare mon habit, si elle veut aller à l’Opéra
ce soir. Je te donnerai cent sous ! »
Il n’y a pas à dire, ils payent bien ! Je
lui ai fait sa commission, et je suis revenu
pour lui dire que sa femme aimait mieux
aller à un dancing parce que, à l’Opéra, on
jouait la Walkyrie et que ça l’embêtait.
Quand je suis arrivé, il se disposait à par
tir. 11 était trois heures de l’après-midi, et
il m’a offert un verre. Ça, il n’y a pas à
dire, ils sont bien aimables !
— Camarade, demandai-je, tu t’en vas
déjà ?
— Je ne suis pas ton camarade, répon-
dit-il avec une certaine hauteur, et je te
prie de ne pas me tutoyer. Je suis gentil
avec toi, qui es un bourgeois, mais je t’in
vite à garder tes distances. »
Je m’excusai. Alors, radouci :
— Je m’en vais parce que ma journée est
finie. Elle est, réglementairement, de deux
heures.