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LA PEAU DE L’HOMME
Mais laissons s’éloigner vers leur destinée hasardeuse et mouve
mentée ces joyeux compagnons de l’aventure.
L’action principale d’un roman populaire se passe toujours à Paris.
Nous sommes donc à Paris. La police est sur les dents. Un vol im
portant a été commis au préjudice d’une des plus grandes banques cos
mopolites de la capitale.
Il s’agit de la Brenner Gesellschaft Diskontobank dont le fantastique
capital anonyme, entièrement versé en marks et en couronnes, a été
emporté en une seule nuit.
Ce qui explique la facilité avec laquelle les voleurs ont pu transporter
une somme aussi importante en si peu de temps c’est qu’elle consistait
toute en papier-monnaie et que le cours du change était descendu,
cette nuit-là, si bas que le papier même en était devenu plus léger.
Encore plus bas et à l’oreille seulement, le lecteur apprendra avec
une émotion aisément contenue le taux du change.
La conséquence la plus fâcheuse de ce vol audacieux, c’est que la
banque n’a pas encore fait faillite, qu’elle n’a même pas déposé son
bilan.
Mais la police est sur les dents. Les bandits ne sauraient tarder à être
mis sous les verrous.
Ils ont déjà eu affaire, non sans quelque succès, d’ailleurs, à ceux
toutefois beaucoup moins sévères de la banque.
A peu près à la même époque venait s’installer, dans un logement
situé vers les plus hauts étages de la rue Caulaincourt, un jeune
homme dont les allures étranges ne tardèrent pas à attirer l’attention
du crémier d’en face qui se trouvait être, par un curieux hasard, l’un
des plus précieux auxiliaires de la police.
Cette dernière est toujours sur les dents et, sans hésiter, elle tente une
perquisition vers les plus hauts étages.
La foule, anxieuse, la suit. Avide de connaître l’issue de cette palpi