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L’ŒUF DUR
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FRANÇOIS MAURIAC
Délectation
Je pleure mes péchés — et ceux que j’ai commis
Et ceux que j’eusse aimé commettre.
Pour réveiller la faim dont je ne fus le maître,
Je trouble ton sommeil, ô mon cœur endormi 1
Mais quel homme saurait refleurir les pêchers
Dans le verger de sa jeunesse?
Ce vertige n’est plus, ni cette ivre faiblesse :
On ne retombe pas dans les mêmes péchés.
Je plonge en de profondes eaux pour m’assouvir
— Délectation défendue !
Fut-il jamais permis aux lèvres de ravir
Sur des visages morts une douceur perdue ?
Visages exhumés, chaque jour moins distincts,
Ma délectation vous ronge :
J’use de mes baisers vos cheveux, et j’éteins
Dans vos yeux trop souvent rouverts, le dernier songe.