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aussi fictive* Et, tout le long de son
travail, il s’est : soumis à une discipline
rigoureuse, afin de lui conserver l’aspect
d’un témoignage fourni par un specta
teur désintéressé et neutre. Et c’est ainsi
que l’analyse des différents éléments de
la question est faite avec une logique et
une objectivité uniquement basées sur
d’irréfutables réalités;
Cette étude minutieuse de la situation
intérieure de la France et du péril révo
lutionnaire en ce pays a conduit l’auteur
à détruire ' un foule de préjugés et de
jugements faux qui, au point de vue
social comme en toutes choses, ont le
plus communément cours. La plus
répandue, parmi ces formules toutes
faites, est celle qui affirme dogmatique
ment que la France est “ le pays des
bas de laine ” et que “-la propriété y
est très divisée ”, Avec une argumenta
tion admirable dé netteté, l’auteur
établit au contraire l’horrible inégalité
de la répartition de la propriété privée.
Celle-ci se trouve presque entièrement
concentrée entre les mains de quel
ques-uns et l’on peut dire que si la
France est riche, les trois quarts des
français sont pauvres et un tiers au
moins indigents. L’injustice de cet
inégal partage des richesses acquises
est encore aggravée par l’inégalité cor
respondante du partage des revenus.
Ceux-ci sont également l’apanage d’une
toute petite minorité.
Durant la guerre, la continuelle mul
tiplication de la monnaie fiduciaire et
les emprunts à jet continu ant créé une
énorme augmentation du capital exi
stant, augmentation que l’on peut
estimer à environ 300 milliards de francs,
qui ont été la proie des nouveaux
riches. Ce gigantesque sur capital doit
être rémunéré par le travail de la masse,
et rémunéré par priorité sur le travail
du producteur. Ainsi l’on peut dire
qu’une énorme créance nouvelle sur la
production actuelle et future est venue
s’ajouter à l’ancienne créance, augmen
tant de façon considérable la charge
des travailleurs. Or, depuis la guerre,
la production a baissé d’un tiers au
moins et se trouve dans l’impossibilité
de rémunérer le eapital. Et c’est ainsi
le jeu de la loi si connue de l’offre et de
la demande qui détermine la hausse
continuelle du coût de la vie, puisque
chaque jour la production déficitaire est
de moins en moins capable de valoriser
les sommes toujours plus grandes que
les nouveaux riches jettent sur le marché :
c’est ce qui fait que chaque jour dimi
nuent le nombre et la qualité des pro
duits qu’une même somme d’argent
permet de se procurer. Cet état de
choses, par la baisse progressive et
continue du pouvoir d’achat de la mon
naie et la diminution de la valeur réelle
du capital, doit fatalement amener
l’Etat à la faillite ou à la Révolution.
Différentes causes accessoires con
tribuent d’ailleurs à rendre ce danger
révolutionnaire plus pressant, notam
ment l’exode des paysans vers les grands
centres, ce qui a non seulement fait
diminuer la production, mais en même
temps déterminé un considérable ac
croissement de l’armée compacte du
prolétariat. De plus, durant la guerre,
ces masses ont perdu leur ancienne
sobriété et consomment beaucoup plus
que jadis. Enfin, les bénéfices rapides et
exagérés réalisés par les commerçants
sont devenus d’une immoralité tellement