UN DEVOIR DE STYLE
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C’est la catastrophe — et le tailleur exige
800 francs !
— C’est 800 francs, m’a-t-il dit, et en
core sans la doublure.
— Sans la doublure?...
— Oui. Notre syndicat a décidé que
désormais nous ferions payer les fourni
tures à part.
Je suis ruiné. 11 m’est impossible de
payer ces prix-là. Car il faut manger :
nous mangeons du « frigo » ma femme et
moi, mais la cuisinière continue d’aller
chez le boucher, pour son usage exclusif.
Elle affirme que le frigo, c’est de la poi
son qui lui ferait mal à l’estomac, et que
jamais elle ne consentira à toucher cette
saleté-là...
11 y a aussi les chaussures. Ma dernière
paire a déjà été ressemelée quatre fois ;
mais le cuir du dessus s’est crevassé, elles
prennent l’eau, elles sont hideuses à voir :
80 francs pour les remplacer, par des sou
liers Molière.