Full text: Mémoires d'un Dada besogneux de l'armistice a 1925

DEUX SOLITAIRES 
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vous, il n’y a pas beaucoup d’air rue 
Payenne, et on n’est pas des millionnaires, 
n’est-ce pas, pour se payer des promena 
des en voiture ! Pourtant, je ne les ai 
jamais entendues se plaindre, et il y a tou 
jours eu trois sous, le matin, pour le jour 
nal. Nulle part, dans toute la France, on 
n’a espéré la victoire plus ardemment que 
chez ces deux humbles femmes, on n’y a 
cru avec plus de mystique ferveur ; et elles 
ne sont jamais descendues à la cave, pen 
dant les bombardements. Elise ne pouvait 
pas, avec ses jambes, vous comprenez, et 
M me Blin n’aurait pas voulu la quitter, 
c’est naturel. 
Moi, je vous le dis, ce que je n’arrive 
pas à concevoir, c’est quelles soient encore 
de ce monde. Cependant elles ne sont ja 
mais mélancoliques ni mécontentes de 
l’univers, quand je vais les voir, le diman 
che matin, à l’heure ou M roe Blin rentre 
de la messe, qu’elle va entendre à Saint- 
Paul, et qu’elle revient avec les provisions.
	        
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