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MÉMOIRES D’UN DADA BESOGNEUX
— Certainement, répondit Démocope.
— il en résulte, continuai-je, qu’en
vertu de ce principe, cinquante et un pour
cent des citoyens ont le droit d’imposer
leur volonté aux quarante-neuf autres cen
tièmes ?
— Cela est bien ainsi, reconnut Démo
cope.
— Et c’est cela qui est stupide ! s’écria
Monomane.
— J’admets, répliqua Démocope, que ce
n’est pas encore l’idéal. L’idéal serait que
tout le monde fût content. Mais, en bonne
logique, cela vaut mieux encore que de
voir un seul imposer sa volonté à tout le
monde.
— 11 faudrait pourtant savoir, objecta
Monomane, si le seul moyen de faire le
bonheur des gens n’est pas de le faire mal
gré eux. Car ces gens ne voient que leur
petit et particulier présent. Un seul peut
voir l’avenir universel.
— il le peut, lis-je avec doute, mais ce